Un chien à la quête du compromis

Par Elisa Held

Marie Mandy nous emmène dans son documentaire „Oui mais non, le compromis à la belge“, réalisé en 2014, dans le monde de la Belgique d’aujourd’hui – un monde marqué par les conflits nationaux et défini par des politiciens toujours en quête du fameux compromis à la belge…

Comment faire un film sur la situation politique en Belgique sans que les spectateur.rice.s prennent le large à cause de la lourdeur du sujet ? Il faut devenir créatif et aborder le sujet d’un autre point de vue. C’est ce qu’a fait Marie Mandy, qui résout le problème dans son documentaire en laissant partir un véritable chien à la découverte du compromis à la belge. Le compromis, sujet principal du film et élément indispensable, si on veut comprendre le pays.

Pendant à peu près une heure, les spectateur.rice.s suivent donc ce chien, Zinneke, un chien bâtard, un vrai Belge vu qu’il arrive à aboyer soit en français, soit en néerlandais, comme on l’entend souvent pendant le film. On le suit dans son voyage, surtout dans les rues de la capitale Bruxelles, où il nous fait, entre autres, entrer dans des lieux normalement interdits au public et bien sûr interdits aux chiens, comme par exemple la Chambre des Représentants. Toujours le même but : comprendre le compromis à la belge, ce qu’il est vraiment, en quoi il consiste et comment on en trouve un. Comprendre et en même temps expliquer ce qui rend ce fameux compromis belge si unique que des experts sont même parfois invités pour des discussions autour du conflit Israélo- palestinien.

Pour répondre à toutes ces questions, Zinneke tend l’oreille et va à la rencontre des personnes importantes de la vie sociale des Belges : des politiciens, des historiens, chacun.e d’entre eux/elles expert sur le terrain. On parle de la fondation du pays, apparemment un accident, de l’université de Louvain, qui a été à un moment donné au centre du conflit entre les Wallons et les Flamands, du roi et de sa façon d’interpréter le compromis. Bref, un voyage à travers l’histoire belge à la recherche du compromis, du point de vue d’un chien.

Ce qui aurait été pu être un documentaire comme beaucoup d’autres, avec un sujet que probablement même les Belges ne comprennent pas tout à fait, est devenu un vrai spectacle. Tout en traitant d’un thème très complexe, le documentaire ressemble parfois presque à une comédie. Marie Mandy ajoute, à un thème politique assez lourd, des éléments comme un chien narrateur qui fait des interviews avec les grands hommes de la politique. Elle nous présente des métaphores qui permettent de nourrir le récit et arrive aussi à flouter les frontières entre la réalité et l’irréel. Le chien comme narrateur, dont on entend aussi les pensées, peut agir différemment, poser des questions délicates et ne doit pas avoir peur d’être grondé pour en avoir posé de « fausses ».

Tous ces aspects conduisent à ce qu’on apprenne des choses sur la Belgique sans se retrouver dans un cours d’histoire ou de politique. Un film fait pour ceux qui s’intéressent à notre pays voisin en général, et pour tous ceux qui ont eux-mêmes besoin de trouver un compromis dans leur vie. Alors suivez la truffe de Zinneke et découvrez la Belgique à nouveau !

Oui mais non, le compromis à la belge, France 2014 – Réalisation, texte, scénario : Marie Mandy. Image : Patrice Michaux. 59 min.

Elisa Held (23 ans) est étudiante en philologie romane/sciences politiques à l’université de Tübingen. Pendant le festival elle a surtout été impressionnée par la diversité des films proposés.

Quelle des Fotos: © The Factory productions